Remerciements
ASP exprime sa profonde gratitude à tou·te·s celles et ceux qui ont participé à l’étude pour avoir généreusement donné de leur temps et partagé leurs expériences lors d’entretiens, de réunions de validation et d’ateliers.
Nous remercions tout particulièrement les victimes/survivants masculins de violences sexuelles liées aux conflits (VSLC) dont les expériences vécues, les perspectives et les recommandations concernant l’accès aux soins de santé constituent le fondement de ce rapport. Leurs voix et leur expertise ont été essentielles pour façonner notre compréhension d’une prise en charge centrée sur les survivants.
Nous étendons notre gratitude à Médecins Sans Frontières (MSF) Espagne et au Projet Tongolo pour leur collaboration inestimable dans la conception de la recherche, la facilitation de l’engagement des victimes/survivants et la fourniture d’un soutien de suivi. Nous reconnaissons en particulier les contributions significatives de : Françoise Niamazime, Coordinatrice d’étude de terrain ; Liliana Palacios, Conseillère en santé ; Augusto Llosa, Conseiller en épidémiologie ; Gisa Kohler, Directrice opérationnelle, et Angie Carrascal, Référente en violence sexuelle, pour leur collaboration étroite, leur expertise technique et leur examen approfondi de ce rapport.
Nous souhaitons également reconnaître l’expertise précieuse et les contributions de la Dre Joelle Mak, Professeure adjointe à la London School of Hygiene and Tropical Medicine, et de la Dre Julienne Corboz, chercheuse indépendante, dans l’élaboration du protocole de recherche initial, ainsi que de la Dre Elisabet le Roux, Directrice de recherche à l’Unité de recherche sur la religion et le développement de l’Université de Stellenbosch, pour ses contributions au développement du protocole et à la formation des collecteurs de données pour cette étude.
ASP remercie la Dre Emilie Venables, qui était alors conseillère humanitaire principale auprès d’ASP, pour avoir dirigé la collecte de données, et Delphine Brun, consultante humanitaire indépendante, pour avoir mené des recherches complémentaires. ASP exprime sa gratitude aux membres du Groupe consultatif de recherche (GCR) pour leur soutien et leurs conseils durant le projet de recherche multipays, dont le présent rapport sur la République centrafricaine fait partie. Aimé Moninga, Nadine Tunasi, Pieter Ventevogel, Eva Deplecker, Fatma Hacioglu, Corine Ornella Charlotte Mboumoua, Murielle Volpellier, Esther Dingemans et Jennifer Rumbach ont apporté des perspectives précieuses tout au long du projet.
Résumé
Les violences sexuelles liées aux conflits (VSLC) à l’encontre des hommes et des garçons reste un problème peu souvent signalé et fréquemment négligé dans les soins de santé et autres réponses. En République centrafricaine (RCA), où le système de santé est fragile, il existe des obstacles importants à l’accès à des soins médicaux et à des services de santé mentale et de soutien psychosocial (SMSPS) dispensés en temps opportun, de qualité, compétents en matière de genre et centrés sur les survivants pour les victimes/survivants de violences sexuelles (liées ou non à un conflit). Toutefois, l’invisibilité relative de la violence sexuelle à l’égard des hommes et des garçons, ainsi que les tabous, la stigmatisation et la honte qui y sont associés, créent également de nombreux obstacles spécifiques au genre.
Sur la base d’entretiens avec des victimes/survivants masculins de violences sexuelles et avec les principales parties prenantes gouvernementales et non gouvernementales responsables de la conception, de la mise en œuvre ou du soutien des soins de santé et des réponses associées aux violences sexuelles en RCA, All Survivors Project (ASP), avec le soutien de Médecins Sans Frontières (MSF) Espagne, a exploré l’expérience des victimes/survivants masculins en matière d’accès aux soins de santé, les aspects des soins qu’ils apprécient, les bonnes pratiques ou les pratiques prometteuses des prestataires de soins de santé, et la manière dont les soins de santé et les réponses associées pourraient être renforcés. L’objectif visé est de répondre pleinement aux droits, aux besoins et aux souhaits des victimes/survivants masculins, y compris ceux ayant une orientation sexuelle, une identité de genre, une expression de genre et des caractéristiques sexuelles (SOGIESC) diverses, d’une manière centrée sur les survivants.1
L’ampleur de la violence sexuelle en RCA, y compris les VSLC, est telle qu’elle a été décrite comme une crise de santé publique.2 Bien que la plupart des incidents documentés impliquent des violences sexuelles à l’encontre des femmes et des filles, il existe également une tendance perceptible de violence sexuelle à l’encontre des hommes et des garçons, particulièrement fréquente lors d’attaques armées ou lorsqu’ils sont retenus en captivité par des groupes armés non étatiques (GANE).3 Malgré les efforts déployés pour améliorer les réponses, le système de santé publique de la RCA n’est même pas en mesure de fournir des services de base à la plupart des victimes/survivants, en particulier ceux qui vivent en dehors de la capitale, Bangui. Dans la pratique, la plupart des services médicaux et de SMSPS destinés aux victimes/survivants de violences sexuelles (liées ou non à un conflit) sont fournis ou soutenus par des organisations non gouvernementales (ONG).
Les 25 victimes/survivants interviewés dans le cadre de ce rapport ont tous été pris en charge par le projet Tongolo de MSF à Bangui, un projet qui apporte une assistance holistique, comprenant des traitements médicaux, des services de santé mentale et de soutien psychosocial ainsi que des orientations vers des services juridiques et de protection.4 Leurs réponses aux questions sur les aspects des soins prodigués par MSF qu’ils ont appréciés ont fourni des indications importantes sur les perspectives des victimes/survivants masculins sur ce qui constitue une approche centrée sur les survivants. Ils ont souligné en particulier les points suivants :
- La sécurité du lieu et l’accessibilité des installations :La clinique MSF a été décrite comme facile à trouver et les victimes/survivants ont déclaré qu’ils se sentaient en sécurité dans l’enceinte fermée.
- Accès rapide au traitement : Plusieurs victimes/survivants ont déclaré qu’ils avaient apprécié la rapidité avec laquelle ils avaient été examinés après leur arrivée dans les centres de santé de MSF.
- Garanties de confidentialité :Par crainte que d’autres personnes ne découvrent qu’ils sont victimes/survivants de violences sexuelles, ces derniers accordent une grande importance à la confidentialité. La plupart des victimes/survivants interviewés ont déclaré que le principe et les procédures de garantie de la confidentialité leur avaient été expliqués par la personnel de santé, qu’ils les avaient compris et s’étaient sentis rassurés.
- Prévention d’une divulgation répétée de l’expérience de violence sexuelle :Les victimes/survivants ont apprécié de ne pas avoir à révéler à plusieurs reprises leur expérience de violence sexuelle, la plupart des personnes déclarant n’avoir eu à expliquer ce qui leur était arrivé qu’une seule fois au cours de leur parcours de soins avec MSF.
- Gratuité des soins : La gratuité des services de MSF a été un élément important pour un grand nombre de victimes/survivants et un facteur déterminant dans la recherche de soins.
- Accueil et respect manifestés par le personnel de santé :Les victimes/survivants ont dit s’être sentis « bien accueillis » ou « bien reçus », décrivant leur accueil comme « calme », « bienveillant » et « plein d’empathie ». Toutes les personnes ont eu le sentiment d’avoir été traitées avec respect, sans jugement, d’avoir été écoutées et crues.
- Professionnalisme du personnel :Les victimes/survivants ont déclaré avoir le sentiment que le personnel était bien formé et possédait les compétences nécessaires pour travailler avec des personnes ayant subi le traumatisme de la violence sexuelle. Cette perception a donné confiance aux victimes/survivants, ce qui a favorisé la confiance dans les soins prodigués.
Toutefois, la plupart des victimes/survivants interviewés n’ont cherché à obtenir des soins de santé ou n’ont pu y accéder que des semaines, des mois ou, dans plusieurs cas, des années après l’incident de violence sexuelle et, à l’exception de cinq d’entre elles, en dehors du délai recommandé de 72 heures.5 Les raisons invoquées pour expliquer les retards dans la recherche de soins ont mis en évidence des obstacles plus généraux et systémiques à la disponibilité et à l’accessibilité des soins de santé centrés sur les survivants. Les informateurs clés ont fourni de plus amples informations sur ces obstacles. Ils ne semblaient pas tous familiers avec le concept d’une approche centrée sur les survivants, mais ils étaient parfaitement conscients des obstacles généraux et spécifiques au genre auxquels les victimes/survivants sont confrontés pour accéder à des soins de santé opportuns, sûrs et de qualité. Ce constat témoigne indirectement de la nécessité de renforcer la concrétisation des principes de l’approche centrée sur les survivants dans le cadre des interventions sanitaires en République centrafricaine.
Suivant un modèle socio-écologique de santé publique,6 les obstacles identifiés peuvent être appréhendés sous quatre angles interdépendants : structurel, organisationnel, communautaire/ interpersonnel et individuel. Chacun d’eux doit être surmonté pour que les victimes/survivants de violences sexuelles puissent recevoir les soins dont ils ont besoin et auxquels ils ont droit.
Au niveau structurel, les obstacles comprennent la disponibilité limitée des soins médicaux de base et des services SMSPS pour les besoins immédiats et urgents des victimes/survivants de VSLC et d’autres formes de violence sexuelle – en particulier en dehors de la capitale Bangui – et pour les soins à plus long terme ; la rareté des spécialistes de la SMSPS ; l’insuffisance du soutien financier apporté aux victimes/survivants pour répondre à leurs besoins matériels immédiats, notamment en matière d’hébergement, de nourriture et de transport, et l’absence de soutien à plus long terme, d’activités génératrices de revenus et de moyens de subsistance ; et l’absence d’un financement suffisant et à court terme des réponses à la violence sexuelle, tant au sein du système de santé publique que dans le cadre des programmes des Nations Unies et des organisations non gouvernementales (ONG) internationales, ce qui compromet la disponibilité, la durabilité et la continuité des réponses.
Au niveau organisationnel, les obstacles comprennent le manque de personnel soignant en nombre suffisant et disposant de la formation, des compétences et de l’expérience nécessaires pour reconnaître la violence sexuelle envers les hommes et les garçons et y répondre de manière appropriée ; l’absence de prise en compte des barrières d’accès aux soins de santé pour les hommes et les garçons ou des besoins et souhaits des victimes/survivants masculins lors de la conception et de la mise en œuvre des services de soins de santé ; la stigmatisation et d’autres attitudes et comportements néfastes des professionnels de la santé à l’égard des victimes/survivants masculins, qui peuvent également être accentués à l’égard des victimes/survivants masculins ayant des SOGIESC diverses ; le manque d’équipement de base et de médicaments dans certains établissements de santé ; le manque de respect de la confidentialité et de la vie privée des patients ; et l’imposition de frais et d’autres coûts qui rendent les services de santé inabordables pour un grand nombre de personnes.
Au niveau communautaire et interpersonnel, les barrières identifiées sont liées aux tabous entourant la violence sexuelle envers les hommes et les garçons, ainsi qu’à la perpétuation de malentendus et de mythes. Ces préjugés alimentent la crainte des victims/survivants d’être stigmatisés par leur famille et leur communauté, entraînant honte, rejet, perte de statut social et éclatement familial, ce qui les pousse à dissimuler leur vécu et à s’isoler.
Enfin, au niveau individuel, l’intériorisation de la stigmatisation sociale conduit à la reproduction de la honte et du discours visant à « blâmer la victime » par les victimes/survivants eux-mêmes et les empêche de rechercher des soins et de l’aide. En outre, les victimes/survivants masculins ne connaissent souvent pas les services disponibles et/ou pensent qu’ils sont réservés aux femmes et aux filles.
Au-delà de ces barrières à l’accès aux soins de santé après un incident de violence sexuelle, les victimes/survivants ont également parlé d’autres besoins non satisfaits et de la manière dont ils continuaient à entraver leur rétablissement complet. Les principales lacunes mises en évidence par les victimes/survivants et confirmées par les informateurs clés sont les suivantes :
- L’absence de soins médicaux et mentaux à long termepour les conséquences de la violence sexuelle. Les victimes/survivants interviewés ont expliqué qu’ils continuaient à souffrir des conséquences physiques et psychologiques des violences sexuelles, mais qu’en l’absence d’un système de santé publique de qualité, gratuit et accessible à tous et partout, les symptômes n’étaient souvent pas traités.
- L’absence de soutien aux moyens de subsistance. Seules deux des victimes/survivants interviewés ont reçu une forme d’aide à la subsistance – dans les deux cas, de l’argent ou des articles pour répondre aux besoins immédiats. Toutes les personnes interviewées ont décrit des préjudices économiques importants liés à leur expérience de violence sexuelle, nombre d’entre elles ayant été déplacées et ayant perdu leur emploi ou d’autres moyens de générer des revenus. L’absence de soutien économique immédiat et à long terme ou d’opportunités de formation ou de recherche d’emploi est une source de préoccupation pour les victimes/survivants et les informateurs clés, et constitue une barrière à l’accès aux soins de santé et compromet les perspectives d’un rétablissement complet.
- Le déficit de justice. Bien que des institutions de l’État de droit dédiées à la lutte contre les violences sexuelles et des mécanismes de justice transitionnelle aient été mis en place en RCA,7 les perspectives de justice pour la plupart des victimes/survivants de violences sexuelles sont limitées. Les victimes/survivants interviewés ont peu confiance dans le système judiciaire et ont choisi de ne pas porter plainte au pénal pour diverses raisons, notamment le coût élevé, la longueur de la procédure et la crainte de s’exposer à la honte publique ou de revivre leur traumatisme. Pourtant, même si la justice semble inaccessible, les victimes/survivants la considèrent comme un élément susceptible de contribuer à leur rétablissement et à leur réintegration.
La prise de conscience généralisée de ces obstacles parmi les décideurs politiques, les praticiens et les autres informateurs clés avec lesquels l’ASP s’est entretenue dans le cadre de cette étude, ainsi que les efforts déployés pour y remédier, sont encourageants. Cependant, la multiplicité des obstacles qui se renforcent mutuellement, associée aux énormes besoins de la RCA, nécessite un investissement considérable de la part des acteurs étatiques et non étatiques pour renforcer les réponses en matière de soins de santé et s’assurer qu’elles sont complétées et renforcées par un processus de justice efficace qui offre aux victimes/survivants une réparation pour les violations des droits humains commises à leur encontre et des réparations pour les préjudices qui en résultent. Les victimes/survivants doivent être au centre de ce processus, à la fois informés et impliqués dans la conception, la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des services de soins de santé. Les services doivent être conçus et mis en œuvre d’une manière véritablement centrée sur les survivants, en tenant compte des préjudices, des besoins et des souhaits différenciés en fonction du genre, de l’âge et d’autres facteurs individuels et collectifs interdépendants.
Résumé des principales recommandations
Les recommandations suivantes s’adressent à toutes les parties prenantes nationales et internationales concernées, y compris les entités gouvernementales, les ONG nationales et internationales et les organisations de la société civile qui agissent sur le terrain, soutiennent, financent ou influencent la prise de décision dans le secteur des soins de santé. Elles visent à renforcer les soins de santé et les réponses connexes pour les victimes/survivants de VSLC ou d’autres formes de violence sexuelle.
Si ces recommandations concernent spécifiquement la violence sexuelle à l’encontre des hommes et des garçons, nombre d’entre elles s’appliquent également à des mesures plus générales nécessaires pour améliorer les réponses apportées à l’ensemble des victimes/survivants. Il s’agit de veiller à ce que les victimes/survivants, quel que soit leur genre et leur âge, aient accès à des soins médicaux et des services SMSPS sûrs, éthiques, de qualité et tenant compte des spécificités liées au genre et à l’âge, conformément aux principes des soins centrés sur les survivants. Les services de santé et le soutien apportés aux victimes/survivants de genre masculin ne doivent pas affecter, limiter ou avoir un impact négatif sur les services destinés aux femmes et aux filles.
Garantir la sécurité, la confidentialité, le respect et la non-discrimination des victimes/survivants dans tous les établissements médicaux et systèmes d’orientation.
- Les établissements médicaux doivent offrir des soins complets, de qualité, opportuns et gratuits aux victimes/survivants de violences sexuelles, en répondant aux divers besoins des individus en fonction de leur genre, de leur âge, de leurs SOGIESC et d’autres caractéristiques.
- Les locaux doivent être conçus de manière à permettre un accès discret, à éviter l’exposition publique et à garantir le respect de la confidentialité. Des salles privées et insonorisées doivent être disponibles pour les consultations afin de préserver la confidentialité et le respect des patients.
- Les établissements médicaux doivent mettre en œuvre des protocoles stricts pour préserver la confidentialité des victimes/survivants, y compris le stockage sécurisé des dossiers médicaux et le contrôle de l’accès aux informations sensibles. L’ensemble du personnel de santé, y compris les médecins, le personnel infirmier, le personnel administratif et le personnel de sécurité, doit recevoir une formation sur le maintien de la confidentialité, de la vie privée, du respect et de la non-discrimination dans ses interactions avec les victimes/survivants.
Veiller à ce que des services de santé compétents et adéquats soient ajustés pour répondre aux besoins et préférences spécifiques des victimes/survivants masculins, notamment en mettant l’accent sur leurs points de vue, leurs expériences et leur expertise.
- Des partenariats à long terme avec les victimes/survivants et les groupes de victimes/survivants doivent être établis afin de s’assurer que le développement des services de soins de santé tienne compte de leurs expériences. Un engagement productif avec ces groupes en tant que partenaires doit être mis en œuvre tout au long du cycle du programme, de l’élaboration à l’évaluation.
- Les évaluations ciblées des besoins doivent identifier les risques et les vulnérabilités spécifiques auxquels sont confrontés les hommes et les garçons affectés par la violence sexuelle. La collecte de données ventilées par genre et par âge est essentielle pour surveiller l’accès des victimes/survivants masculins aux services et garantir l’égalité d’accès pour tous.
- Il est essentiel de créer des points d’entrée sûrs et discrets dans les établissements de santé pour les victimes/survivants masculins, et de les guider clairement tout au long du processus de soins. Les survivants masculins doivent pouvoir choisir le genre du prestataire et les équipes de soins doivent comprendre des professionnels formés aux besoins spécifiques des victimes/survivants masculins, y compris ceux ayant des SOGIESC diverses.
- Les programmes de SMSPS spécifiques aux victimes/survivants masculins doivent être conçus de manière à offrir un environnement sûr et sans jugement pour discuter de leurs expériences. Ces programmes pourraient inclure des conseils individuels et un soutien de groupe, abordant l’auto-stigmatisation, la culpabilité et l’impact sur les relations et la perception de soi.
Renforcer les compétences spécialisées des prestataires de soins de santé sur la question de la violence sexuelle à l’encontre des hommes et des garçons et sur la prise en charge des survivants masculins.
- Les prestataires de soins de santé doivent recevoir une formation spécialisée sur les défis particuliers auxquels sont confrontés les victimes/survivants masculins de violences sexuelles. Cette formation doit porter sur les mythes courants, les attitudes néfastes et les comportements discriminatoires, et donner aux prestataires les moyens d’offrir des soins avec respect et empathie.
- Les programmes nationaux d’enseignement de la médecine doivent intégrer les préjudices et les problèmes spécifiques liés à la violence sexuelle à l’encontre des hommes et des garçons. Une formation détaillée sur la gestion clinique de ces cas doit en faire partie, en mettant l’accent sur l’identification, l’évaluation, l’examen physique et les protocoles de traitement.
- La formation doit également souligner l’importance d’une documentation médico-légale centrée sur les survivants, en veillant à ce que les constatations physiques et psychologiques soient consignées avec exactitude et dans le respect de l’éthique.
Améliorer la sensibilisation et l’accès aux soins de santé des victimes/survivants masculins de violences sexuelles par le biais de l’éducation et de la communication au niveau local.
- Les efforts d’éducation et de communication au niveau communautaire doivent être renforcés afin d’améliorer la sensibilisation et l’accès aux soins de santé des victimes/survivants masculins de violences sexuelles. Il s’agit notamment de campagnes de sensibilisation ciblées visant à informer les victimes/survivants masculins de leurs droits et des services disponibles, ainsi que des protocoles mis en place pour protéger leur sécurité et leur confidentialité.
- Les agents de santé communautaires, les agents de protection des enfants et les spécialistes de la réponse aux violences basées sur le genre (VBG), ainsi que les autres acteurs concernés, doivent être formés afin de fournir des soins sensibles et centrés sur les survivants aux victimes/survivants masculins. Cette formation doit leur donner les moyens d’offrir un soutien et une orientation appropriés, en veillant à ce que les besoins des victimes/survivants masculins soient satisfaits dans la dignité et le respect.
Travailler à l’élaboration de réponses médicales à long terme, à l’échelle nationale, dans un cadre de soins holistique.
- Les parties prenantes nationales et internationales doivent s’efforcer d’étendre la portée géographique des soins de santé publics, en veillant à ce qu’un soutien médical et psychosocial complet, de qualité et gratuit soit accessible à l’ensemble des victimes/survivants dans tout le pays.
- Les parties prenantes doivent élaborer des réponses médicales à long terme à l’échelle nationale, intégrées dans un cadre de soins holistique. Ces soins doivent comprendre non seulement des soins de santé immédiats, mais aussi des services de santé mentale, un soutien pour l’accès à une assistance juridique et un soutien à la réinsertion socio-économique, afin de favoriser le rétablissement complet et le bien-être de chaque victime/survivant.
- Les stratégies et protocoles nationaux relatifs à la violence sexuelle doivent tenir compte des besoins des victimes/survivants masculins.
Améliorer la compréhension de la violence sexuelle à l’encontre des hommes et des garçons grâce à la recherche et aux données.
- Des recherches approfondies sont nécessaires pour continuer à améliorer la compréhension des besoins et des expériences spécifiques des victimes/survivants masculins. Ces recherches pourraient prendre la forme de consultations approfondies avec des groupes de survivants et une évaluation complète de la manière dont les services de santé existants répondent ou non à leurs besoins et à leurs souhaits, afin d’identifier les lacunes et d’améliorer l’efficacité du soutien et des soins fournis.
- Les efforts permanents de suivi, de collecte de données et de documentation doivent être renforcés pour inclure les incidents de violence sexuelle à l’encontre des hommes et des garçons. Le personnel impliqué dans ces processus doit être formé pour identifier et documenter ces cas de manière sûre et éthique, et les informations doivent être partagées de manière sécurisée et anonyme entre les parties prenantes concernées.
Renforcer le soutien financier à la réponse aux violences sexuelles liées aux conflits pour l’ensemble des victimes/survivants.
- Un financement adéquat et durable est essentiel pour développer des services complets qui répondent aux divers besoins des victimes/survivants, y compris les soins de santé, la SMSPS, l’assistance juridique, la réinsertion socio-économique et les groupes de soutien. L’obtention de ressources financières solides garantit que les interventions soient efficaces, durables et accessibles à l’ensemble des victimes/survivants, indépendamment de leur genre, de leur âge ou d’autres caractéristiques.
- Les parties prenantes doivent financer et faciliter le développement de réseaux de survivants masculins et de groupes de soutien par les pairs, permettant aux victimes/survivants de se soutenir mutuellement et d’influencer activement les services qu’ils reçoivent.
- L’étude fut menée dans le cadre d’un projet multinational de l’ASP en Afghanistan, en RCA et en Colombie visant à renforcer la compréhension et les réponses aux expériences, aux besoins et aux souhaits des hommes et des garçons, y compris ceux ayant des SOGIESC diverses. Voir ASP et Youth Health and Development Organization (YHDO), Enhancing Survivor-Centred Healthcare Response for Male Victims/Survivors of Sexual Violence in Afghanistan, mars 2021; All Survivors Project (ASP), Enhancing Survivor-Centred Healthcare for Male Victims of Conflict-Related Sexual Violence in Colombia, septembre 2023. ↩︎
- Médecins Sans Frontières (MSF), Sexual violence remains a public health crisis in Central African Republic, 15 avril 2021. ↩︎
- Voir par exemple ASP, “I don’t know who can help”: Men and boys Facing Sexual Violence in Central African Republic, 14 février 2018. ↩︎
- Pour plus d’informations sur Tongolo et d’autres projets de MSF en RCA, voir MSF, Invisible Wounds: MSF’s findings on sexual violence in CAR between 2018 and 2022, 24 octobre 2023. ↩︎
- 72 heures est le délai nécessaire pour que la contraception d’urgence, la prophylaxie du VIH et le traitement des infections sexuellement transmissibles soient efficaces et pour que des échantillons soient collectés à des fins de preuve. Voir OMS, Guidelines for Medico-legal Care for Victims of Sexual violence, 2003. ↩︎
- Sarah Chynoweth et autres, A social ecological approach to understanding service utilization barriers among male survivors of sexual violence in three refuge settings: a qualitative exploratory study, Conflict and Health, 14: 43, 8 July 2020. ↩︎
- Il s’agit notamment de l’UMIRR, l’Unité mixte d’intervention rapide et de répression des violences sexuelles faites aux femmes et aux enfants, composée d’éléments de la police, de la gendarmerie et de civils, qui apporte une réponse intégrée (enquête, soins médicaux de base, soutien psychosocial et services juridiques) aux victimes/survivants de violences sexuelles, de la Cour pénale spéciale établie pour enquêter et poursuivre les violations graves des droits humains et les violations du droit international humanitaire commises depuis 2003, et de la Commission vérité, justice, réparation et réconciliation dont le mandat est d’établir la vérité sur les « graves événements nationaux » survenus entre 1959 et 2019 et de recommander des réparations pour les victimes de violations graves des droits humains. Celle-ci a été dissoute en 2024, https://www.ohchr.org/en/press-releases/2024/07/central-african-republic-independent-expert-calls-transparency-and ↩︎